Si les amateurs de littérature proustienne ont rencontré le nom de Céleste Albaret, sait-on pour autant ce que cette femme discrète et dévouée a représenté pour l’écrivain ? Jocelyne Sauvard nous le dévoile dans son roman, Céleste et Marcel, un amour de Proust, paru aux éditions du Rocher. Roman qui retrace les dernières années de vie de Marcel Proust, reclus dans sa chambre, entouré de l’attentive et tendre sollicitude de cette femme.
La relation qui les a unis était unique. Lui, le malade, tout d’ombre derrière les persiennes closes, dans la brume et l’odeur des fumigations. Lui, l’auteur, arrimé à son lit-vaisseau d’écriture, luttant contre le peu de temps qu’il lui reste pour achever La Recherche. Elle, sa gouvernante, et tellement plus que cela. Elle, son ange-gardien, sa confidence, sa lectrice, qui saura préserver jalousement sa solitude, comme on veille sur un trésor.
En 1918, Marcel Proust n’a plus que quatre à vivre, et l’œuvre de toute une existence à terminer. Veillant sur ses jours, ses nuits, sa maison, Céleste, figure presque maternelle, est également l’oreille attentive, le pilier du quotidien, le rempart contre le monde qui se déchaîne, à l’extérieur, au-delà des murs du 102, Bd Haussmann, puis du 44 de la rue Hamelin. La guerre qui n’en finit pas de s’achever, la grippe espagnole, la poursuite effrénée d’un « avant » qui ne sera plus jamais.
Avec elle, les petites choses se font rituels sacrés. Les souvenirs se tissent et s’ordonnent. Les conversations redonnent forme à un univers devenu inaccessible. La vie, les figures d’autrefois reprennent, par les mots prononcés, puis absorbés comme un souffle vital, leur consistance première.
Une évocation à la fois puissante et délicate d’un amour particulier, d’une personnalité attachante, sur fond de création de l’une des œuvres monumentales de la littérature.
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